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Balades à Paris et en Touraine

Paris au XIXème siècle

6 Mars 2016, 13:03pm

Publié par Jean-Charles Prévost

Boulevard Haussmann Caillebotte 1880

La ville a connu au XIXème siècle de profondes transformations qui caractérisent le bâti visible aujourd’hui : percées Haussmanniennes, bâtiments publics et privés, parcs, gares. Cette période, celle des œuvres du musée d’Orsay, aménagé justement dans une ancienne gare de cette époque, fut aussi un moment clé de l’histoire de la peinture.

Je ne pourrai qu’effleurer le sujet dans ce blog et j’espère vous donner envie d’aller plus loin en vous proposant de suivre mes visites de quartier où l’histoire de ce siècle tient évidemment une place importante.

Les historiens font débuter le XIXème siècle au Directoire qui marque la fin de la période révolutionnaire et s’achever avec la Première Guerre Mondiale, dépassant ainsi largement les limites des années 1800 ; la période n’est pas si lointaine, puisque la plupart de nos grands-parents ont été des témoins souvent nostalgiques de sa fin, la « Belle Epoque ». C’est une période historique qui s’affiche : nombreux étaient les ouvrages publiés en ce temps à s’y référer : « la confession d'un enfant du siècle » d'Alfred de Musset, par exemple, ce qui montre que les contemporains avaient conscience de vivre une période capitale de l’histoire.

On peut distinguer quatre périodes : l’époque Napoléonienne, la Restauration, le Second Empire et la 3ème République, au cours desquelles une grande confiance dans les progrès de la science et du développement économique pour le bien de l’humanité se manifeste avec en parallèle la peur des possédants voulant se protéger de la convoitise des classes défavorisées.

Le régime Napoléonien, du Directoire à l’Empire apporte la paix intérieure souhaitée par la majorité des Français après les excès des « terroristes », c’est un régime autoritaire, sorte de monarchie sans roi qui met en œuvre les principes de la Révolution par des institutions stables fondées sur des principes de droit modernes et rationnels. Dans le domaine de l’art, le style Empire impose une rupture complète avec les styles précédents pour illustrer les principes moraux issus des idéaux révolutionnaires ; ses décors s’inspirent de l’Antiquité gréco romaine redécouverte par les fouilles de Pompéi et les voyages d’étude des jeunes aristocrates (le Grand Tour), ainsi que des descriptions de l’Egypte faites par les savants et les artistes qui accompagnaient l’expédition de Bonaparte, consignées dans un album monumental publié ensuite. A partir de ces sources, les architectes Percier et Fontaine, « designers » avant la lettre proposeront dans leurs ouvrages les modèles devant inspirer architectes, ébénistes, orfèvres et graveurs.

La Restauration qui fait suite à la défaite de Waterloo en 1815 commence par une remise en cause des acquis de la Révolution et de l’époque Napoléonienne bien décrite par Balzac dans « Le Colonel Chabert », alors que dans le même temps le romantisme redécouvre les légendes nationales et le Moyen Age tenus pour obscurs par les siècles précédents. Très vite journaux et de romans favorisés par les progrès de l’imprimerie et le théâtre qui connait un énorme succès auprès des publics instruits ou non deviennent des vecteurs privilégiés pour la diffusion des idées nouvelles ; dans un autre domaine, les passages couverts, lieux spécifiques au commerce changent les modes de vie et de consommation. Simultanément les débuts de la révolution industrielle amplifient cette évolution : les mines, les industries notamment le textile, le chemin de fer, la banque et l’immobilier se développent et des lotissements à la mode comme la « Nouvelle Athènes » du côté de la place Saint Georges remplacent les faubourgs entre l’enceinte des Fermiers Généraux et les fortifications de Thiers.

Le Second Empire régime autoritaire qui protège les possédants favorise encore ce développement. On assiste à l’émergence des « arts industriels », célébrés dans le cadre des Expositions Universelles et les techniques de reproduction mécanisée, notamment la photographie, mettent à la portée de la bourgeoisie aisée mobilier de style « Henri II », objets d’art « gothiques » et reproductions de tableaux de toutes époques, réservés jusque-là à une élite fortunée, au détriment de l’originalité et de l’authenticité. Une véritable civilisation des loisirs nait pour la bourgeoisie qui fréquente les salles de spectacle où se produisent les artistes lyriques et l’été les stations balnéaires et thermales, contrastant avec l’existence des ouvriers marquée par les révoltes et les grèves dont la répression implacable favorisera les excès de la Commune à la chute du régime après la défaite de Sedan.

La réaction de la bourgeoisie qui souhaite un régime fort permet après bien des hésitations le retour de la République ; alors que la Commune deviendra la référence des mouvements révolutionnaires à venir, telle la révolution d’Octobre. En peinture l’impressionnisme est autant une réaction contre l’académisme, peinture de la beauté parfaite et des nobles sujets seule admise dans les salons officiels et dont la photographie fait perdre la raison d’être, qu’une peinture personnelle qui s’attache à décrire les effets de la lumière dans des motifs issus de la nature et de la vie moderne dans sa banalité. La peinture en tube et les chemins de fer sont des innovations qui permettent aux peintres de sortir de leurs ateliers pour aller peindre « sur le motif » notamment en vallée de Seine et en Normandie. L’architecture, attachée encore à l’académisme au travers du style éclectique, restera pour un temps en deçà de cette évolution.

Le style de vie de la bourgeoisie se transmettra encore sans heurts jusqu’au cataclysme de 14 où le progrès technique et la révolution industrielle adulés par le XIXème siècle enterreront la « Belle Epoque »sous un déluge d’acier. La suite de l’histoire dont nos parents et nous avons été les témoins directs, c’est le XXéme siècle qui apporte la barbarie absolue des régimes totalitaires encadrée par deux paix illusoires : le traité de Versailles qui met fin à la Première Guerre Mondiale en 1919 et la chute du Mur de Berlin en 1989 qui met fin à la guerre froide jusqu’à ce que le 11 septembre nous plonge brutalement dans le siècle suivant.

Style Empire de Percier et Fontaine 1812, Galerie Vivienne 1823, Monet les coquelicots 1873
Style Empire de Percier et Fontaine 1812, Galerie Vivienne 1823, Monet les coquelicots 1873
Style Empire de Percier et Fontaine 1812, Galerie Vivienne 1823, Monet les coquelicots 1873

Style Empire de Percier et Fontaine 1812, Galerie Vivienne 1823, Monet les coquelicots 1873

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